Mais qu’est ce qui fait que nous avons toujours l’impression de manquer de temps, de devoir aller plus vite ?
Nous marchons vite, nous lisons en diagonale, nous zappons les informations, nous échangeons entre deux portes, nous mangeons « sur le pouce », nous harcelons nos enfants pour qu’ils se dépêchent de manger/ boire/ s’habiller / finir leur phrase/ leur petit déjeuner/ leurs devoirs/ leur soupe, nous accélérons les cadences au travail, nous ne cessons de construire des engins qui nous font parcourir toujours plus de distance en toujours moins de temps.
Nous ne prenons ni le temps de vivre, ni celui de savourer, ni parfois celui de nous soigner.
Harmut Rosa, philosophe allemand nous dit que c’est le rapport entre croissance et accélération qui explique cette impression de manquer de temps ! En effet, alors qu’avant nous parcourions en une heure une distance de 4 km à pied pour aller travailler, si nous achetons une voiture, il ne nous faudra plus que 10 mn ! Ainsi nous aurons gagné 50 mn de temps ! 50 mn de temps c’est énorme ! 50 mn pour prendre enfin le temps !
Mais ce n’est jamais ce qu’il se passe ! Nous allons utiliser ces 50 mn pour faire d’innombrables activités et finalement nous plaindre de manquer de temps !
En fait, très loin de nous en faire gagner, l’accélération nous fait perdre la notion même du temps !
Nous rajoutons toujours de l’activité à la croissance, et ainsi notre rapport au temps est faussé et nous ne cessons de lui courir après !
Certains nous expliquent comment distinguer l’urgent, l’important, le non urgent mais important et le non important mais urgent, bref comment prioriser ! Mais encore faut-il pouvoir se poser et réfléchir à cette question !
Hyper connecté comme nous le sommes, nous agissons si souvent dans l’immédiateté !
Nous sommes devenus hyper disponibles avec l’apparition des téléphones portables puis des smartphones et nous voilà tentés d’être dans la réaction spontanée.
Nulle place à la prise de recul, au discernement, au temps de réponse : nous nous sentons dans l’obligation de répondre sans réfléchir, sans différer.
Tout est comme si nous devions franchir une ligne d’arrivée et à la fin de chaque journée, une fois la ligne franchie, loin de crier « victoire », nous nous effondrons de lassitude, d’épuisement, avant de reprendre une autre course, le lendemain, et comme ça, indéfiniment !
Alors bien sûr il y a les « accros » de la rapidité, du « speed », du zapping, de l’adrénaline ceux qui grâce à cette folle cadence se sentent vivants, en mouvement, dans l’action !
Il y a ceux qui aiment être stressés, pressés, sur le feu, sur le qui-vive, et qui ne conçoivent la vie qu’à 1000 à l’heure !
Mais attention à ne pas passer à côté de l’essentiel : à coté de soi, de sa santé, de ses êtres chers et finalement de son existence toute entière !
Si nous commencions par nous arrêter ?
Je ne dis pas se mettre 15 jours en arrêt maladie, ou prendre 1 mois de vacances, car la période n’est pas toujours propice, mais juste s’arrêter une minute ! UNE SEULE minute par jour !
Une minute pour savourer l’instant, s’écouter respirer.
Une minute d’instant présent,
Une seule mais entière minute de pleine conscience de ce qui vit en nous, de ce qui se vit au moment même où l’attention à nous-même est présente !
Si nous prenions juste ce moment-là, nous changerions tout !
Si nous cultivions durant ce bref instant, une autre part de nous-même ; celle qui contemple et qui rêve, qui admire, qui goûte et apprécie, qu’est-ce que cela changerait ?
Voici quelques pistes de réflexion :
- Harmut ROSA disait : « La lenteur permet la profondeur alors que la rapidité c’est la superficialité » : essayez de connaitre quelqu’un rapidement … que saurez-vous de lui ?
- La lenteur permet de redevenir créatif : en mettant votre corps au repos, vous mettez votre cerveau au ralenti, vous lui permettez de rêver de nouveau, de faire le vide pour un autre plein !
- La lenteur donne l’impression que le temps dure longtemps : « La lenteur c’est une richesse de temps » disait H. Rosa ! Savourez lentement un carré de chocolat et vous l’apprécierez davantage que si vous l’engloutissiez !
- La lenteur permet de recharger vos batteries pour être plus performant ensuite : il faut apprendre à retrouver de l’énergie entre deux périodes de travail intense.
- La lenteur est le temps que vos enfants vous demandent car leur notion du temps n’est pas identique à la vôtre.
- La lenteur c’est le temps de l’amour, de l’amitié, de la famille, de la nature…
Mais la lenteur est un pari difficile à tenir :
Rien n’est si simple et en même temps si compliqué que la lenteur : quelle ténacité faut –il à la tortue pour gagner la course avec le lièvre dans la fable de La Fontaine ! A la fois consciente de ses limites, mais constante, persévérante, un brin provocatrice !
Nous retrouvons aussi cette fameuse tortue dans le Yi Jing chinois « le livre des transformations » ou cet animal qui porte sa maison est le symbole de la sagesse et la voie des réalisations durables !
Alors comme le disait Carl Honoré : « reconnectons avec notre tortue intérieure » !
A l’heure où les entreprises mettent en place des solutions pour améliorer les conditions de vie de leurs salariés au travail, il est important individuellement de prendre conscience que nous avons le devoir de faire développement durable de nous-mêmes, que notre santé physique et mentale ainsi que la qualité de notre vie nous appartiennent.
La sophrologie est un merveilleux outil à notre service. Elle propose grâce à ses techniques de respiration, de relaxation et de visualisation de prendre soin de notre corps, de nos pensées et de nos émotions.
Si vous ne savez pas comment ralentir, la sophrologie est un excellent moyen de commencer. Elle vous permet avec l’accompagnement du sophrologue au début, puis en toute autonomie après un peu d’entrainement, de vous approprier les outils qui vous permettront de prendre votre mieux-être en main et d’en devenir acteur.
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Pour approfondir le sujet, je vous invite à lire :
« Aliénation et accélération » Harmut ROSA, aux éditions La découverte/Poche
« Eloge de la lenteur » Carl Honoré, aux éditions Marabout